Diversité culturelle et (re) production des élites dans le champ politico-administratif camerounais : représentations et logiques d’acteurs

Résumé

Au Cameroun, la diversité culturelle ne semble plus être un instrument d’unité, comme officiellement conçu et vulgarisé, mais, en raison des logiques d’acteurs, elle représente aussi un levier de construction et de consolidation des inégalités et/ou revendications sociales et politiques. La fibre identitaire est donc employée et abusée pour des fins de positionnement ; ce qui rappelle allégrement la dynamique de production des memoranda qui prend de plus en plus corps au Cameroun depuis plus d’une dizaine d’années. Celle-ci est tantôt l’expression des élites sociales, traditionnelles, économiques, politiques ou de la communauté ethnique tout entière en faveur d’une action spécifique de développement ; tantôt l’expression des remerciements ou d’une motion de soutien. Désormais plongé dans une dynamique de prolifération de revendications pluridimensionnelles, l’on assiste de plus en plus à la naissance d’élans fractionnistes aux allures revendicatives qui expriment nettement les inégalités sociales dissimulées par la diversité culturelle du pays. Dès lors, à première vue, les luttes pour la reconnaissance citoyenne semblent orientées vers l'obtention d'un certain nombre de privilèges sociaux et économiques, en général liés à la participation au pouvoir politique et/ou à l’acquisition de positions de pouvoir. Face à ce constat, la présente étude mobilise l’observation participante, l’analyse documentaire et la fouille d’archives afin de scruter de près ce phénomène. A cet effet, suivant les perspectives constructivistes et stratégiques, cette contribution observe que le mécanisme de production d’élites naguère au Cameroun depuis 1975 montre de plus en plus ses limites en raison de l’inégale répartition des richesses entre la pluralité de couches sociales qui le compose. Le fait est que, par la forte emprise des revendications ethno-communautaires et des appétits individuels, ce gage de préservation de l’unité nationale et de prévention des conflits est de plus en plus un instrument d’exclusion sociale.